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Retour à Radio France. Le journal de Nicolas Demorand

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Le journaliste a retrouvé la station où il a débuté et anime chaque jour, sur Inter, «Un jour dans le monde». Il raconte son nouveau départ.

 

Par Nicolas Demorand

 19 août
« Retour à la Maison de la Radio, quittée en travaux il y a quatre ans, retrouvée en chantier. La rénovation des lieux prend du temps, de nouveaux espaces, certains impressionnants, viennent casser le gigantisme d’un bâtiment à lui seul souvenir d’une époque où Paris était encore une zone constructible, et la France, un pays assez fer de lui-même pour oser une architecture de rupture. Une sorte de cachalot noir s’est ainsi échoué à l’intérieur de ce qui fut un grand vide d’une poésie paradoxale : c’est le toit de l’auditorium dont les équipes en place espèrent qu’il attirera un nouveau public. A suivre, à voir. En attendant, on change les fenêtres. Chacun découvre son bureau. Le mien se situe dans ce qui fut autrefois l’étage de France Culture, où j’ai commencé la radio, en 1997. Je passe tous les jours devant le studio où je faisais mes premières chroniques, mes premiers débats, puis la matinale de Culture. Avant celle d’Inter. Back to the future ! »

21 août
« Entre deux séances photo pour la campagne de com d’Inter, ce sentiment qui marque les veilles de nouvelle grille : concentration et improvisation. L’émission, dont le concept est verrouillé depuis le mois de juillet, n’a toujours pas de titre. Le grand concours démarre : «International» ? Je trouve ça chiant et austère – donc cool. Mais guère punk. «Inter/National» ? Plus moderne, mais allez faire entendre un slash à l’antenne. Comme toujours, ça dérape : Chris Esquerre propose «Intermittent», Alex Vizorek «Inter/Minable». «Duty Free» fait marrer tout le monde, mais l’actu internationale n’est jamais très drôle et je me vois mal prononcer des phrases du type : «le paiement des rançons dans «Duty Free» ce soir» ou «Spéciale «Duty Free» sur les esclaves». Finalement, ce sera «Un jour dans le monde» : clair, net, précis. Merci Eric Lainé, réalisateur de l’émission, qui a trouvé en trois minutes. »

« Ebola. Première émission d’une série qui suivra le rythme de l’épidémie. Le grand reporter Sébastien Baer revient de Guinée le matin même, l’ordinateur plein de sons. »

25 août
« Nouvelle grille, nouvel habillage, nouvelle émission. 18 heures : prise d’antenne pour un sommaire, et la voix, le souffle qui partent en sucette. Impression d’être remonté sur un vélo après des années : il roule, évidemment, mais le guidon tremble un peu, le temps de pleinement retrouver son centre de gravité. En l’occurrence : «sa voix», comme on dit en radio. Toutes les briques sont en place dès cette première : une émission d’information internationale ; la rencontre de la parole «experte» et des correspondants de France Inter à travers le monde ; du reportage au long cours ; un zoom quotidien sur un pays ou un fait international totalement hors du radar médiatique «mainstream» ; des portraits de gens qui, à travers le monde, se bougent pour faire avancer les choses ; un édito avec les amis du «Monde», Arnaud Leparmentier et Alain Frachon, du lundi au jeudi ; Anthony Bellanger le vendredi. »

1er septembre
« La vraie rentrée. Médiamétrie commençant à mesurer les audiences de la nouvelle grille, il faut sérieusement se bouger. Pas besoin de longs discours. Derrière ces questions de chiffres, la volonté de chacun de convaincre le public de (re)venir écouter sa radio. Du matin au soir, chaque case compte d’autant plus que la grille 2014 a beaucoup changé. La radio a la réputation d’être un média d’habitudes, les changements y sont en général anticipés, pesés au gramme, les risques, pris la main tremblante. Entre la continuité et la réforme profonde, le chemin n’est jamais simple. Et repose, in fi ne, sur ceux qui sont au micro et les équipes qui les entourent. Challenge stimulant : être soi-même et essayer de faire partager son enthousiasme ; être patient ; savoir que ça peut prendre du temps. »


15 septembre
« Etat islamique ? EI ? Daech ? Organisation Etat islamique ? Les batailles sémantiques accompagnent les autres, sur le terrain. Sur le ton calme dont nos parents usaient pour nous lire des contes avant de dormir, le spécialiste de géopolitique Dominique Moïsi explique que le pire, déjà sous nos yeux, va durer. Que les moyens mis en oeuvre pour le juguler ne feront que le renforcer. Que la «géopolitique des passions» va naviguer entre la peur, la haine, l’injustice, l’envie de se venger. Moïsi semble presque s’excuser d’être le messager des mauvaises nouvelles. »

« Vers 17h30, annonce de la mort de l’otage français Hervé Gourdel. Sidération dans l’équipe. »

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